STUDIO MARLOT & CHOPARD

     
 
 



L'exposition / the exhibition

 

Miroirs

Musée du Louvre, Lens
Commissariat/ curators : Paul Ripoche / Luc Piralla
3/12/2016 ›› 18/09/2017



Aujourd’hui d’une grande banalité, omniprésent dans notre quotidien, le miroir demeure pourtant un objet complexe et fascinant. Outil de représentation du réel et de la représentation de soi, instrument permettant d’introduire des images dans l’image, subterfuge se jouant de l’intérieur et de l’extérieur, attribut de nombreuses allégories et accessoire de beauté, les fonctions du miroir sont nombreuses. Ses effets sur la vue, notre sens le moins fiable et le plus sollicité, sont un sujet d’étude maintes fois exploré par les historiens de l’art et les philosophes. Mêlant inextricablement deux concepts abstraits - la vérité et l’illusion - les images potentiellement mystérieuses et surprenantes que le miroir produit continuent d’être une source d’inspiration pour les artistes. L’exposition du Louvre-Lens réunit une trentaine d’œuvres de l’Antiquité à nos jours, issues de musées des Hauts-de-France, dont un Paysage à l’arc-en-ciel de Rubens, une série de gravures de Marcel Gromaire ou encore l’installation Carré (miroir) plié (coupé) à 90° de François Morellet. Elles invitent le visiteur à aiguiser son regard et à s’interroger sur ce qu’il voit ou croit voir.

La première partie de l’exposition rappelle que le miroir est un objet courant dans l’histoire de l’art depuis l’Antiquité. Son pouvoir de réflexion, de production d’images immatérielles, suscite une fascination propre à projeter sur lui autant de vices que de vertus. Les artistes s’en emparèrent pour construire des allégories destinées à éclairer les hommes sur leurs agissements. Il devint ainsi l’attribut de trois allégories majeures : la Prudence, la Vérité et la Mort. Plus prosaïquement, le miroir est un accessoire de beauté, l’objet emblématique de la toilette féminine et le compagnon du plus délicat raffinement. Représenté dans l’intimité, certains artistes emmènent le miroir jusqu’aux frontières de l’érotisme.
L’exposition se poursuit avec l’imposante œuvre de François Morellet qui plonge vertigineusement le visiteur dans l’espace du Pavillon de verre. La suite montre l’effet des miroirs et des reflets sur notre perception de l’architecture et du paysage. Les miroirs installés dans un intérieur ont pour but d’agrandir l’espace, d’apporter de la lumière, d’induire le luxe. Ils livrent une perception qui fausse nos sens. Isa Genzken et Marlot & Chopard jouent de ces ressorts. L’une pour surenchérir sur le désespoir produit par son architecture en béton, les autres pour troubler notre vision et produire une confusion. Pierre-Paul Rubens et Jürgen Nefzger, à quatre siècles de distance, placent un couple amoureux dans un paysage naturel et s’intéressent aux effets produits par la lumière du ciel dans l’eau.

Le parcours s’achève sur l’illusion engendrée par les reflets. L’illusion originelle consiste à penser que les miroirs offrent l’image exacte des objets qu’ils reflètent. Markus Raetz transforme cette naïveté en surprise en faisant apparaitre dans un miroir une image radicalement différente de l’objet reflété. Il est patent que le miroir est l’instrument indispensable au peintre réalisant son autoportrait. Hervé Jamen nous fait mesurer les écarts entre deux mêmes sujets pourtant traités de façon identique. Dans son autoportrait en Aspasie, la peintre Marie Bouliard crée le trouble entre sa figure de peintre du 18e siècle, son sujet Antique et le rôle central du miroir. La fin de l’exposition montre des scènes dont les protagonistes, hommes ou animaux, interrogent l’image qu’ils ont sous les yeux.
Ainsi, explorant les vertus du miroir aidant à mieux percevoir le monde, les reflets qui se jouent de nos sens et ceux issus de la rencontre de la lumière et de l’eau, l’exposition « Miroirs » est une invitation à nous arrêter sur l’interprétation du monde que livrent les reflets, à nous interroger sur le montré et le caché. À plonger finalement dans les vertiges ordinaires d’un monde qui semble toujours nous échapper.



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