Pour sa deuxième exposition et en parallèle au Mois de la Photographie, la Galerie Jérôme Pauchant présentera le couple d’artistes français Rémy Marlot et Ariane Chopard intitulée Printed memories du 6 novembre au 6 décembre 2014.
Cette exposition permettra de découvrir leur série la plus récente, Souvenirs d’Italie en regard avec les Black houses, série inaugurale dans leur œuvre en noir et blanc. Ces deux séries de photographies se relient tant par le procédé d’inversion des valeurs de noir et de blanc que par le thème de la mémoire.
Dans la série Black houses comme dans la série Souvenirs d'Italie les images ont été réalisées à partir d'un souvenir et viennent en restituer la sensation. La mémoire se trouve refabriquée dans la mesure où ce n'est pas l'image qui vient rappeler le souvenir mais ce dernier qui est à l'origine de la fabrication de l'image.
Les photographies ne viennent pas décrire des lieux, mais fonctionnent comme des images mentales, des réminiscences, l'évocation de sensations vécues ou rêvées bien plus que la représentation d'un espace.
Les images de la série Black houses (2006), retravaillées en niveaux de gris pour obtenir un noir et blanc très dense, représentent des habitations pavillonnaires de la première moitié du XXème siècle, photographiées en plongée, dans les quartiers résidentiels de Bourges. Ainsi, le cadrage utilisé accentue la dimension architecturale très singulière des toits et des façades, jusqu’à les faire ressembler à des châteaux, des demeures inquiétantes et fabuleuses. L’inversion de ces images en négatif procure une ambiance nocturne au sujet. La végétation des jardins, les briques des maisons, le pavage des cours deviennent alors autant de motifs, ramenés à leur pure forme et découpés par le contraste du noir et blanc. Quant aux portes et aux fenêtres, illuminées de l’intérieur par l’inversion de la lumière, elles invitent irrésistiblement à pénétrer dans les maisons d’un autre univers, étrange et mystérieux.
Comme Quentin Bajac le souligne dans son texte Black works (Rémy Marlot, éditions Analogues, 2009), “La banlieue pavillonnaire française s’y révèle littéralement sous une autre lumière. Car, toute onirique qu’elle soit, l’inversion des valeurs engendre également sa propre logique. Si elle instaure une perte de relief certaine, elle ne se contente pas cependant de dématérialiser son sujet. En modifiant le mode de perception traditionnel, elle reconfigure différemment son objet, fait ressortir des éléments auxquels on ne prête d’habitude guère d’attention (les fils électriques par exemple), bref joue également un rôle de révélateur.”
Souvenirs d’Italie (2014) est une série qui met en scène des vues prises à divers endroits en France et qui nous renvoie à l’idée exotique d’une Italie fantasmée, tant liée au "voyage en Italie" des artistes des époques passées qu'aux voyages en Italie dont Rémy Marlot et Ariane Chopard n'ont pas rapporté de photographies. Le langage paysager d’une Italie classique vient se décliner en vues mêlant la sculpture et l’architecture au végétal des jardins, la mer à la montagne sous des lumières emblématiques du sud, intenses et contrastées. Bassins, cyprès, palmiers, cimetières, bords de mer ou colonnes sont autant d’éléments symboliques qui viennent évoquer une Italie recomposée. L’usure du temps, l’équilibre esthétique des jardins, entre maîtrise et abandon vient signer tant la série que le travail de Rémy Marlot et d’Ariane Chopard. Le traitement numérique des images en noir et blanc, avec une inversion de certaines valeurs chromatiques évoque des gravures ou photographies anciennes qui auraient été mal conservées et qui commenceraient à se transformer et à s’effacer. De même, la matérialité des tirages des Souvenirs d’Italie donne à sentir cet effacement, questionnant notre rapport au temps, à la mémoire et à la disparition.
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